L’histoire de l’asile du Marchairuz

Fondé en 1816

Histoire Marchairuz

Le col du Marchairuz fait partie du chemin de col historique qui mène de la vallée de Joux au lac Léman. L’histoire de ce passage remonte jusqu’au 13ème siècle. Une section de chemin particulièrement pittoresque a pu être préservée jusqu’à nos jours. L’histoire du peuplement montre qu’il existait déjà un passage par le col du Marchairuz au Moyen Age. Les premiers habitants s’installèrent au 13ème siècle dans le vallon des Amburnex. Ils développèrent des voies de communication non seulement avec les villages de la rive nord du lac Léman, mais aussi avec les habitants de la vallée de Joux.

Des sources du 18ème siècle attestent que le chemin n’était pas toujours en bon état. A l’époque, Aubonne se plaignait souvent du mauvais état du «chemin des Amburnex ou du Marchairuz». Mais, cela n’empêcha heureusement pas la préservation d’une partie de la liaison jusqu’au 21ème siècle.

Il est possible de ne pas monter toute la route moderne jusqu’au col de Marchairuz en quittant la route dans le lacet à l’ouest du sommet du col. On rejoint ainsi un chemin large de 4 mètres, recouvert de pavés. On aperçoit par-ci par-là la roche calcaire. Ce tronçon long de seulement 500 mètres date du 18ème siècle et comprend un grand nombre d’éléments traditionnels qui méritent d’être conservés.

Le Marchairuz, centre nordique avant l’heure ( 1900 – 1905 )

Histoire Marchairuz

C’est à partir de ce site et dans les environs que semble s’être le mieux développé le ski aux premières pages de son histoire. Tous les textes en notre possession, et les plus anciens, une fois ou l’autre, nous ramènent à ces lieux que naturellement fréquentaient les habitants du Brassus, peut-être parmi les premiers à s’essayer avec des lattes sur la neige.

Ainsi le Marchairuz, extérieur et intérieur, fut galvanisé par ce nouveau sport qui prit là-haut des dimensions mythiques. Suivons Robert Golay dans ses propos parus sur les débuts du ski à la Vallée de Joux dans la FAVJ du 26 novembre 1935 :

Le premier concours de skis fut organisé en janvier 1900 dans le pâturage, disons plutôt le champ de neige du Pré de Bière, au-dessous du Marchairuz. Ce fut une modeste course de fond, qui pouvait avoir deux kilomètres environ et qui se disputa par une neige lourde et un temps pluvieux. Du dehors nous était venu un participant, Suisse allemand, muni de deux bâtons courts, chose qui fit grande sensation au milieu de la forêt de longs bambous que formait notre cohorte.

L’arrivée au chalet du Pré de Bière fut la principale erreur de notre itinéraire, car les coureurs étaient gratifiés, pour la fin du parcours, d’une grimpée qui fut le coup de grâce pour plusieurs d’entre eux – devenus violacés et haletants au but. Frédéric Meylan, sur skis norvégiens authentiques, arriva le premier.

Le même hiver vit se dérouler au Pont une manifestation du même genre, où Jules Lecoultre, du Marchairuz, s’adjugea le premier prix, sur une neige tôlée peu commode.

Il est à noter ici que Robert fait preuve d’impartialité et reconnaît qu’il y eut aussi un concours au Pont la même année, donc que les deux bouts de la Vallée purent ainsi connaître chacun un premier concours en 1900, ce qui équilibre, et la légende, et l’histoire.

Par la suite, 1901 ou 1902, fut organisée une grande réunion de skieurs au Marchairuz parmi lesquels se vit la première femme à chausser des skis à la Vallée. C’est probablement cette course mémorable – un dîner plantureux arrosé d’un vin généreux avait mis tous les assistants dans un état de joie parfaite, on devine les péripéties de la rentrée ! – dont les photos servirent à illustrer la première grande publication consacrée aux sports d’hiver de notre contrée : LE HAMEAU DU PONT ET LA VALLEE DE JOUX EN HIVER, 1902. Effectivement, parmi tous ces messieurs, troisième depuis la droite, figure une dame avec chapeau et robe longue. Chapeau ! Cette publication offre sept clichés concernant la pratique du ski qu’il convient de découvrir ici. Une sacrée ambiance ! Et preuve que le repas fut bien arrosé, nos skieurs, au retour, finirent par enlever leurs lattes pour les porter sur l’épaule.

Ces photos concernent-elles le concours de 1900, un autre de 1901, la simple pistée au Marchairuz avec Madame, cela n’a pas une grande importance dans le fond, simplement que nous retrouvons l’ambiance début de siècle, avec l’équipement et le matériel de l’époque. Ce n’était en aucun cas triste !

Le ski en fait se trouve être à l’époque si populaire déjà qu’on le signale enfin dans la presse locale. Ainsi lit-on dans la revue annuelle de la FAVJ parue le 1er janvier 1902 – probablement sous la plume de Samuel Aubert :

« C’est donc pendant cette saison que nous aurions le plus besoin de mouvement, et c’est le moment où nous en prenons le moins !

Combien de migraines, de maux d’estomac, d’insomnies, etc, disparaîtraient ou n’apparaîtraient même pas, si nous sortions davantage le dimanche après-midi, si nous avions le courage de faire quelques kilomètres à pied ou hors des chemins tracés avec les cercles ou les skis. Et les parties de luge, on ne connaît pas ça dans notre pays montagneux. Bon pour les enfants et les jeunes gens, disent les hommes d’âge mûr qui croiraient manquer à leur dignité en se sentant dévaler à toute vitesse le long d’une pente ou faire une culbute dans la neige au contour du chemin.

Heureusement le ski prend. On en compte bien une cinquantaine de paires dans la contrée. Instrument de luxe diront les uns ! Oui, bien, si la santé est un luxe, car existe-t-il meilleur moyen de remettre à son état normal le corps fatigué par une semaine de labeurs, qu’une après-midi de dimanche consacrée à courir les bois et les montagnes, même avec les culbutes obligées le long des pentes.

Espérons pourtant qu’on ne va pas nous l’imposer, le ski.»

Histoire Marchairuz
Un nouvel article de la Feuille, du 2 février 1905, toujours en rapport avec le Marchairuz, semble faire remonter l’origine du ski deux avant la date de 1896 posée par Robert Piguet:
«Si l’on se reporte à l’hiver de 1894-1895, époque où les premiers skis firent leur apparition à la Vallée et où les adhérents de ce sport tant pratiqué aujourd’hui étaient presque la risée de la population, nous constatons qu’il a acquis droit de cité et devient le compagnon obligé de tout Combier, qui par ses occupations sédentaires trouve dans cet exercice de plein air, une salutaire diversion et une saine jouissance.

Nous rappelons que les courses du 22 janvier ont connu le succès et qu’elles doivent se renouveler chaque année, prenant toujours plus d’importance et contribuant à faire connaître notre Vallée comme station d’hiver de 1er ordre.

Le Club des skieurs qui compte 60 membres reçoit toute nouvelle inscription (finance annuelle fr. 1.-) et organise pour le dimanche 5 février sa course à l’Asile du Marchairuz, but particulièrement bien choisi ; le meilleur accueil et une bonne table sont assurés.

Pressante invitation est faite à tous les amateurs et espérons temps et neige favorable.»

Il y avait donc eu un nouveau grand concours au Marchairuz au début de cette année-là, 1905, naturellement annoncé par la FAVJ. Ci-dessous du 12 janvier 1905:

« Concours de ski

Il est réjouissant de voir dans notre contrée le sport du ski prendre chaque hiver de l’extension et devenir de plus en plus populaire. On ne peut assez recommander cet exercice, tant au point de vue hygiénique que récréatif. Il permet de faire, au coeur de l’hiver, et ceci sans plus de fatigue qu’en été, des courses de montagne splendides. Le spectacle dont jouit le touriste du haut de nos sommets neigeux est l’un des plus imposants que puisse nous offrir la nature. L’immense chaîne des Alpes resplendissante de lumière, émerge d’un océan de brouillard. Les heureux mortels qui ont le privilège d’admirer ces beautés ne sont guère que les skieurs. Aussi, dans le but d’encourager le sport du ski, le Comité du club des skieurs de la Vallée1 a-t-il décidé, dans sa séance du 8 janvier 1905, d’organiser pour le dimanche 22 courant, un concours de ski dans le genre de celui qui a eu lieu l’hiver dernier au Marchairuz.

Les courses consisteront en une course de fond pour adultes.

  • Une course de fond pour juniors.
  • Une course de vitesse pour adultes.
  • Une course pour dames.
  • Saut. »

Fondé en 1904. Nous n’avons pas retrouvé les statuts.

Les amateurs sont convoqués d’autre part pour une assemblée générale qui arrêtera définitivement le programme de la journée du 22 janvier. Ce programme paraîtra dans le prochain numéro de la Feuille d’Avis.

Paraissait un second communiqué dans le même numéro du 12 janvier de la FAVJ.

Il apparaît par tous ces articles que le ski, à la Vallée, en particulièrement dans la région du Marchairuz, était bien lancé. Et il n’y aurait aucun retour en arrière. Au contraire, ce nouveau sport ne fit que de prendre chaque année de l’importance pour rester aujourd’hui encore d’une popularité à toute épreuve, ski de fond et ski de piste confondus.

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